Une étude intéressante Dr claude jean paris
La présence de troubles
bipolaires est associée à des formes plus sévères d’anorexie mentale
Au sein d’un petit échantillon
d’adolescentes hospitalisées pour anorexie mentale (AM) sévère (n=96), la
fréquence des troubles bipolaires (TB) s’est révélée élevée, puisque près de
18% de ces sujets présentaient un trouble appartenant au spectre bipolaire
contre seulement 0,4% dans la population féminine générale. Les patientes qui
possédaient des antécédents personnels ou familiaux de TB présentaient aussi
une forme clinique plus sévère des troubles du comportement alimentaire, avec
notamment un début plus précoce de la maladie, un délai plus long entre le
début de la maladie et l’hospitalisation, et un risque plus élevé de
renutrition entérale par sonde naso-gastrique. Par conséquent, l’existence
d’antécédents familiaux de TB et un début précoce de l’AM devrait inciter à
rechercher un trouble bipolaire masqué.
Pourquoi cette étude a-t-elle été
réalisée ?
Des troubles de l’humeur sont souvent
présents chez 64% à 96% des sujets atteints d’AM et notamment les TB. Et on
trouve aussi fréquemment des troubles du comportement alimentaire chez les
sujets souffrant de TB. Mais peu d’études ont exploré la comorbidité « TB-AM ».
Une étude française a cherché à évaluer la fréquence des troubles bipolaires
chez des adolescents souffrant d’anorexie mentale sévère et s’est intéressée à
l’influence de l’existence d’antécédents personnels ou familiaux de TB sur
l’expression clinique de la maladie.
Méthodologie
Cette étude observationnelle a analysé
les dossiers de patientes de 13 à 20 ans ayant été hospitalisées pour AM sévère
au sein du service de psychiatrie de l’adolescent et du jeune adulte de
l’Institut Mutualiste Montsouris entre janvier 2006 et décembre 2008. Les
critères du DSM-IV pour l’AM, la boulimie et les troubles du comportement
alimentaire non spécifiés ont été recherchés à la sortie d’hôpital, de même que
les caractéristiques de la maladie, les antécédents psychiatriques personnels
et familiaux.
Résultats
- Au total, 96 jeunes femmes ont pu être incluses. Dans la grande
majorité des cas, elles étaient issues d’un milieu socio-professionnel
plutôt favorisé. Elles avaient été hospitalisées pour AM en moyenne à
l’âge de 16,5 ans, avec un IMC à 14,2 kg/m2, soit 2 ans après le début de la maladie. Il
s’agissait d’une anorexie mentale restrictive (AMR) dans 68% des cas.
- Dans cette population, 17,7% des sujets présentaient un trouble
appartenant au spectre bipolaire, 6,3% un trouble bipolaire de type II (1
épisode dépressif ou mélancolique + 1 épisode hypomaniaque) et 11,5% un
trouble bipolaire de type V (1 épisode dépressif ou mélancolique + des
antécédents familiaux de TB).
- Un antécédent de TB avéré a été retrouvé chez 8,3% des patientes et
suspecté chez 13,6% d’entre elles.
- Parmi celles qui présentaient des antécédents personnels ou familiaux
de TB, des caractéristiques particulières de l’AM étaient relevées et
notamment un début plus précoce de la maladie (13,4 ans contre 14,8 ans),
un délai plus important entre le début de la maladie et l’hospitalisation
(3,4 ans contre 1,7 ans), des antécédents de dépression et de tentative de
suicide plus fréquents, une renutrition entérale par sonde nasogastrique
plus fréquente durant l’hospitalisation et des traitements
thymorégulateurs plus fréquents à la sortie d’hôpital.
- En revanche, aucune différence significative n’est apparue entre les
deux groupes en termes de fréquences d’antécédents familiaux.
Limitations
L’étude est réalisée sur un échantillon
de petite taille.
Les patientes incluses dans cette étude
souffraient d’AM sévère et ne sont donc pas représentatives de la population
AM.
Enfin, la majorité des patientes
souffraient d’AMR, alors que la forme purgative de la maladie est plus
fortement associée aux TB.
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