Docteur claude jean paris
des perspectives passionnantes , l'homme n'est pas seul il fait partie intégrante d'un environnement complexe qui dépasse même la notion de l’écologie
Axe
microbiote-intestin-cerveau : quelles perspectives cliniques ?
À retenir
Une revue parue dans Clinical
Gastroenterology and Hepatology propose un tour d’horizon des
connaissances sur l’axe microbiote-intestin-cerveau (MIC) : il reposerait
notamment sur le rôle de métabolites microbiens (acides gras à chaînes courtes,
acides biliaires…) qui agiraient localement au niveau de cellules
neuroendocrines ou sur le système immunitaire muqueux, ou à distance en passant
dans la circulation systémique, voire en franchissant la barrière
hématoencéphalique.
Il a notamment été décrit des troubles
du développement neuronal chez la souris axénique ( germ free ).
Ce processus pourrait impliquer la microglie (macrophages du tissu cérébral)
dont la maturation, nécessaire au développement et à l’homéostasie locale, a
été décrite comme promue par les acides gras à chaînes courtes. L’indole, un
dérivé du tryptophane produit par le microbiote, pourrait, lui, moduler la
neuro-inflammation médiée par les astrocytes.
La période clé des tous premiers mois de
vie
Les trois premières années de vie
constituent une période intense pour le développement cérébral comme pour celui
du microbiote intestinal. De plus en plus de données corroborent l’importance
de ce dernier dans la constitution de troubles neurodéveloppementaux.
Le mode de délivrance jouerait un rôle
important : les enfants nés par voie basse voient leur microbiote intestinal
colonisé à partir de celui du vagin de leur mère et à partir de certains germes
d’origine fécale, le microbiote vaginal et son métabolisme (métabolome) étant
influencés par différents facteurs (infections, stress psychosocial…).
L’association entre ces derniers et le risque de schizophrénie, d’autisme ou de
troubles d’hyperactivité a été décrite par plusieurs études.
Chez l’enfant né par césarienne, des
spécificités ont été décrites au niveau du microbiote intestinal, cutané et
nasopharyngé, et qui persistaient jusqu’à deux ans de vie. Des études de
cohorte ont décrit chez ces enfants un risque accru d’asthme, de maladies
intestinales inflammatoires et d’autres troubles d’origine immunitaire par
rapport aux enfants nés par voie basse. Sur le plan de l’alimentation, les
enfants allaités présentent un microbiote plus riche en Bifidobacterium .
Le lait maternel comporterait également des oligosaccharides spécifiques ayant
un rôle dans la constitution du microbiote intestinal.
Enfin, le microbiote jouerait un rôle
sur la qualité de la myélinisation, en régulant certains gènes. Dans une
cohorte de 89 enfants de 1 an, la composition du microbiote intestinal a été
associé aux performances cognitives un an après.
Les facteurs ultérieurs perturbant le
microbiote
Avec l’âge, la constitution du
microbiote se stabilise. Plusieurs paramètres peuvent néanmoins en modifier la
composition : antibiotiques, alimentation, prise de pré- ou de probiotiques.
Ils jouent à la fois un rôle sur sa composition mais aussi sur le métabolome.
Des modèles murins ont confirmé le lien
entre antibiothérapie large spectre et diminution de différents métabolites
sanguins ou cérébraux (sérotonine, vasopressine, ocytocine…). Une large étude
cas-contrôle britannique a, elle, décrit une augmentation de l’anxiété et de la
dépression chez des sujets ayant reçu de multiples antibiothérapies.
Concernant, l’alimentation, l’une des
études disponibles chez l’humain montre qu’au long cours, une faible consommation
de fibres réduit la diversité et la richesse du microbiote, un mécanisme
difficilement réversible. Enfin, les prébiotiques et les probiotiques,
regroupés sous le nom de psychobiotiques font l’objet de nombreuses études mais
les données disponibles concernant leur utilité dans des interventions
thérapeutiques dans l’anxiété ou la dépression restent encore
contradictoires.
Données cliniques
Les perturbations de l’axe
microbiote-intestin-cerveau seraient associées à différentes pathologies comme
les troubles du spectre autistique, l’hyperactivité/déficit de l’attention, les
maladies de Parkinson, d’Alzheimer, ou d’épilepsie...selon de nombreuses études
majoritairement précliniques. De plus chez l’animal, des travaux ont montré
qu’il était possible de transmettre à des souris axéniques certains traits de
l’humeur à partir de prélèvements de microbiote issus de patients anxieux ou
dépressifs.
Chez l’humain, des différences de
composition microbienne ont été rapportées entre des sujets sains et des sujets
souffrant d’un syndrome de l’intestin irritable (SII) : selon les études, une
composition différente serait associée à un phénotype du SII ou plutôt à la
sévérité des symptômes. La composition en Bifidobacterium et
en Lactobacillus est la plus établie.
Dans l’obésité, les troubles du
comportement alimentaire et de la satiété seraient sous l’influence des
métabolites microbiens. Par ailleurs, Il a été démontré que des
modifications de certaines microstructures cérébrales seraient sous l’influence
du microbiote intestinal et pourraient distinguer des sujets obèses des sujets
sains. Enfin, une expérience de transplantation fécale a permis de
favoriser la perte de poids de sujets ayant reçu une transplantation d’un
échantillon de microbiote issu d’un sujet ayant perdu du poids après chirurgie
bariatrique.
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